Un rebelle qui conteste les privilèges, le pouvoir de l'argent et les ambitions politiques de l'Église
Naissance de Giovanni Bernardone à Assise (Italie). Les dates du 29 avril 1182, 5 juillet 1182 et 26 septembre 1182 sont avancées par certains historiens sans que personne ne sache réellement où est la vérité. De surcroît l'évolution des calendriers au fil du temps rend les calculs de conversion complexes.
Il est le fils de Pietro Bernardone, un riche marchand de draps et d'étoffes, propriétaire d'immeubles et de terres. Sa mère, Pica Bernardone, descendante d'une noble famille française (les de Bourlemont originaires de Tarascon) l'instruira sur cette langue. Comme Tarascon est juste à côté de Beaucaire, une très importante ville de foire au XIIème siècle, il est possible que son père et sa mère se soient rencontrés là.
Pica épouse Pietro Bernardone en secondes noces en 1180 après un veuvage. Elle a déjà un fils prénommé Angelo.
Alors qu'elle est enceinte, Pietro part en France négocier les meilleurs tissus sur les foires de Provence et de Champagne. À son retour, heureux de la naissance de son fils et aussi de ses bonnes affaires faites en France, il l'appelle le petit français, le petit françois c'est-à-dire Francesco, faisant fi du prénom qu'il avait reçu sur les fonts baptismaux de la cathédrale Saint-Rufin d'Assise.
Comme sa mère Pica se remarie en 1180 il est tentant de penser que François soit né en 1181. De plus comme il est né durant l'absence de son père qui normalement ne peut voyager qu'à la belle saison, il est également tentant de penser que François soit né entre mai et septembre. Les foires médiévales de Champagne durent de 3 à 7 semaines. Son père s'est probablement rendu à celle de Provins en mai et celle de Troyes en juin (du 24 juin à la mi-juillet). La date de naissance du 5 juillet est donc cohérente mais non prouvée. Tout dépend aussi si ces voyages se faisaient uniquement par voie terrestre ou également par voie maritime. Cela change la durée.
L'école, près de l'église San Gorgio à Assise, lui enseigne le latin. À la maison sa mère lui apprend sa langue natale, l'occitan, la langue d'alors parlée dans le sud de la France et le nord de l'Espagne.
Cela va lui permettre de comprendre et d'affectionner la culture provençale des troubadours du XIIème siècle. Joyeux de nature, il aime chanter leur poésie.
Il se comporte comme un grand seigneur, dépensant l'argent de ses parents sans compter. Ses prodigalités inquiètent sa mère et irritent son père. Il vit dans une insouciance festive avec ses amis.
Mu par ses ambitions chevaleresques, il prend part à la guerre qui oppose Assise (la gibeline, partisane de l'empereur) à Pérouse (la guelfe, partisane du pape). Il est fait prisonnier en novembre 1202. Sa captivité altère sa santé. Là il fait la connaissance d'un des fils de la famille Spadalunga, originaire de Gubbio, l'alliée d'Assise.
L'année passée en prison le calme et lui ouvre l'esprit. Il se remet doucement de sa maladie contractée en captivité. Désormais sa vie va changer. Il s'éloigne peu à peu de cette dolce vita qu'il faisait avec ses anciens camarades issus de la bourgeoisie comme lui.
Il commence à fréquenter les églises en quête de réponses à des questions qui l'obsèdent. Il rompt avec sa vie confortable.
Dans la chapelle de San Damiano (XIIème siècle), devant la croix du Christ, François d'Assise entend une voix lui demander de "réparer son Église en ruines". Il comprend le message au premier degré et s'empresse d'aller vendre les tissus de son père sur un marché voisin, celui de Foligno, pour avoir les fonds nécessaires à la restauration de la chapelle.
Son père lui demande d'arrêter de dilapider le patrimoine familial et de lui rendre les fonds, sous peine d'intervenir auprès d'un tribunal. Mais François d'Assise se cache derrière un statut de pénitent qui le fait échapper à la justice laïque. Finalement c'est l'évêque mandé par son père qui le convoque au printemps 1206. François d'Assise remet alors tout ce qu'il possède y compris ses vêtements. Il ressort nu comme un vrai rebelle qui veut se faire entendre en clamant sa foi envers Dieu. Après un bref séjour au monastère San Verecondo à Vallingegno (une bonne douzaine de kilomètres au sud de Gubbio), il revient à Assise. Il va se faire maçon durant 3 ans pour réparer plusieurs chapelles délabrées autour d'Assise dont celle de San Damiano qui sera plus tard le lieu de résidence attribué aux Clarisses par le pape Innocent III.
Le 24 février, au cours d'une lecture de l'Évangile de Matthieu durant la messe à laquelle il assiste dans la chapelle de la Portioncule, François d'Assise comprend le sens caché de la phrase qu'il avait entendue à San Damiano. Désormais c'est à lui de reconstruire "l'Église en ruines" en prêchant l'Évangile et la paix. En latin "evangelium", dont est tiré le mot évangile, signifie "bonne nouvelle".
Avant de devenir apôtre de Jésus-Christ, Matthieu était collecteur d'impôt.
Au terme de plusieurs années de prédication dans la région d'Assise, François d'Assise fonde avec ses compagnons de la première heure, Bernard de Quintavalle et Pierre de Catane, l'Ordre des Frères Mineurs qui plus tard deviendra l'Ordre des Franciscains
Le pape Innocent III rêve que François d'Assise soutient la basilique Saint-Jean-de-Latran en ruines. La symbolique est si forte qu'il approuve et valide la première règle des frères franciscains.
Une aristocrate d'Assise prénommée Claire (1193-1253), conquise par l'idéal de pauvreté de François d'Assise, le rejoint et fonde l'Ordre des Clarisses ou Ordre des Pauvres Dames. Elle cherche surtout à s'affranchir des contraintes de l'époque : tutelle paternelle, tutelle maritale, tutelle institutionnelle. Elle veut se libérer des règles en vigueur, se purifier, retrouver une noblesse de coeur au service des malheureux. Des amies et des membres de sa famille dont sa soeur Agnès et sa mère la rejoignent dans sa démarche. En 1216 le pape Innocent III accorde à sa communauté le droit de vivre dans le couvent de San Damiano à Assise sans ressources fixes.
L'Ordre des Clarisses applique les mêmes règles que l'Ordre des Franciscains dont il est issu.
Le 8 mai le comte Orlando di Chiusi donne La Verna (Toscane) à François d'Assise, un lieu particulièrement propice à la contemplation.
Du 11 au 30 novembre, François d'Assise assiste au quatrième concile du Latran à Rome. Ce synode condamne toutes les hérésies du moment, Cathares et Vaudois notamment.
Début d'extension de l'Ordre des Franciscains qui envoit des émissaires au nord des Alpes.
Le comte Orlando di Chiusi fait construire la chapelle Sainte-Marie-des-Anges à La Verna pour François d'Assise.
Accompagné d'un frère franciscain, François d'Assise se rend à la cinquième croisade (1217-1221) en vue de rétablir la paix alors que les Croisés tentent de faire de Damiette (Egypte) une ville chrétienne en fermant les mosquées et ouvrant les églises. Ses convictions le conduiront jusque devant le sultan Al-Kamil. Il tente, sans succès, de le convertir au christianisme afin de résoudre le conflit. Néanmoins les tensions s'apaisent Al-Kamil propose l'échange de Damiette contre Jérusalem. L' offre est refusée par Pélage Galvani, le chef religieux tyrannique de la cinquième croisade.
Dans le même moment le succès de l'apostolat franciscain se répand en Allemagne, Hongrie, France et Angleterre où l'Ordre commence à s'installer.
Retour en Italie de François d'Assise par bateau. Il s'arrête sur "l'île des deux vignes" à quelques kilomètres de Venise. Après son passage cette île portera le nom de "San Francesco del Deserto". Un couvent franciscain y sera construit en 1233. Une fois arrivé en Ombrie, il confie la direction de l'Ordre à son vicaire Pierre de Catane qui mourra l'année suivante. Élie Bombarone, dit Élie de Cortone (1180 - 22 avril 1253), lui succède de 1221 à 1239.
Durant l'absence de François d'Assise en Terre Sainte certains frères ont commencé à remettre en cause l'idéal de l'Ordre, à savoir la pauvreté absolue. Cette dérive éthique oblige François d'Assise à rédiger une nouvelle règle, la Regula Prima, reprenant les points essentiels de l'Ordre en les incluant dans un impressionnant et fastidieux inventaire de restrictions.
À la demande de Luchèse de Caggiano, François d'Assise fonde à Bologne le Tiers-Ordre franciscain. Cet Ordre est réservé aux personnes mariées, avec ou sans enfant, désirant vivre comme les Frères franciscains tout en restant des laïcs.
Elisabeth de Hongrie (7 juillet 1207 à Bratislava - 17 novembre 1231 à Marbourg) adhérera à cet Ordre après la mort de son mari,
Louis IV de Thuringe, terrassé par la peste en 1227. Elle est à la fois decendante de la dynastie capétienne (France) et de la dynastie des Árpád (Hongrie). Elle sera canonisée en 1235.
A noter que c'est sous le pontifcat de Callixte
II que premier Concile du Latran décrète, en 1123, l'nterdiction aux hommes d'Église de se marier. Le célibat leur est imposé mais non la chasteté. Ils pouvaient donc avoir des concubines. En 1139, le deuxième Concile du Latran paraphera ce décret.
La Première Règle (Regula Prima), trop stricte et complexe, est remplacée par une règle moins sévère appelée Regula bullata (parce qu'approuvée par le pape Honorius III). François d'Assise commence à s'isoler dans des ermitages et de fait laisse l'organisation de l'Ordre à d'autres frères.
En août, frustré par les changements de l'Ordre des Frères Mineurs, il se rend avec quelques compagnons à La Verna pour y faire un jeûne de 40 jours afin de se préparer à la fête de l'archange Saint-Michel (29 septembre). Aux alentours du 17 septembre (le 14 pour certains), alors qu'il médite dans la solitude de l'endroit (30 kms au nord de la ville d'Arezzo), apparaissent sur ses pieds, ses mains et son flanc les stigmates de la crucifixion du Christ. Cette ultime identifiction au Sauveur font de lui un nouveau Christ.
Ses privations sont sûrement à l'origine de sa déchéance prématurée. Il est sujet à des crises d'angoisse. Devenu presque aveugle, il trouve pourtant le courage (auprès de Claire à San Damiano) de rédiger Le Cantique des Créatures (ou Cantique du Soleil) qui est un hommage au Dieu créateur.
François d'Assise meurt le 3 octobre 1226 à Assise dans la petite église de la Portioncule datant du VIème siècle et aujourd'hui englobée dans la basilique Sainte-Marie-des-Anges (1569). Le lendemain il est inhumé en l'église Saint-Georges d'Assise.
Le pape Grégoire IX le canonise le 16 juillet. Il devient Saint-François d'Assise.
À la demande du pape Grégoire IX, un récit hagiographique est rédigé en latin par Thomas de Celano (1190-1260) sous le nom de "Vita beati Francisci".
Le 25 mai sa dépouille est déplacée dans une basilique construite en son honneur.
Nom | Naissance / Décès | Pontificat |
Lucius III | 1097 à Lucques / 1185 à Vérone | 1 septembre 1181 - 25 novembre 1185 |
Urbain III | 1120 à Cuggiono / 1187 à Ferrare | 25 novembre 1185 - 20 octobre 1187 |
Grégoire VIII | 1108 à Benevento / 1187 à Pise | 21 octobre 1187 - 17 décembre 1187 |
Clément III | 1130 à Rome / 1191 à Rome | 19 décembre 1187 - 27 mars 1191 |
Célestin III | 1106 à Rome / 1198 à Rome | 30 mars 1191 - 8 janvier 1198 |
Innocent III | 1160 à Gavignano / 1216 à Pérouse | 8 janvier 1198 - 16 juillet 1216 |
Honorius III | 1148 à Rome / 1227 à Rome | 18 juillet 1216 - 18 mars 1227 |
Grégoire IX | entre 1143 et 1167 à Anagni / 1241 à Rome | 19 mars 1227 - 22 août 1241 |